Le Secret, le poème que Marvin prépare dans le film Marvin ou la Belle éducation d’Anne Fontaine : s’il réussit l’audition, il intègre la seconde théâtre du lycée d’Epinal.
dit par Delphine et Lise
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! – Et ne m’objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas… –
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l’oreille au plus mystérieux
De vos amis de cœur, ou, si vous l’aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l’on n’a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
– Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle ! –
dit par Madina, Karen et Rinesa
Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l’individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé,
Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l’homme en face,
« Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. »
L’éloquent et puissant discours de Victor Hugo prononcé à l’Assemblée nationale le 9 Juillet 1849, interprété par Cécile Bois, Patrick Chesnais, Alexandre Philip, Liliane Rovère et Guillaume de Tonquédec.
Le 7 novembre 1831, Claude Gueux, est condamné à mort. Il est exécuté en juin 1932. L’événement inspire à Victor Hugo un plaidoyer contre la peine de mort.
Le 6 juillet 1834, il publie sa version du fait-divers dans La Revue de Paris.
A la fin de juillet, Charles Carlier, un lecteur de la revue, finance une édition séparée de 500 exemplaires du récit de Hugo, afin « de faire profiter de la grande leçon qu’il contient ».
cliquer sur l’image pour entendre le premier épisode
Réalisation François Christophe
Adaptation Hélène Bleskine
Conseillère littéraire Caroline Ouazana
Rediffusion de Décembre 2012
Le réalisateur François Christophe disparu accidentellement le 26 décembre dernier laisse derrière lui une œuvre radiophonique dont le talent et la sensibilité resteront dans nos mémoires à jamais. Et pour lui rendre hommage, hommage qui continuera avec la diffusion de fictions dont il venait d’achever la réalisation et que les auditeurs pourront découvrir dès le mois d’Avril, la fiction a souhaité rediffuser LesMisérables de Victor Hugo.
Episode 1
Victor Hugo a soixante ans lorsqu’il achève la rédaction des Misérables. Dès sa parution, le 3 avril 1862, les lecteurs s’arrachent le livre. En octobre, dans une lettre adressée à son éditeur italien, Victor Hugo écrit : « Vous avez raison, Monsieur, quand vous me dites que le livre Les Misérables est écrit pour tous les peuples. Je ne sais s’il sera lu par tous, mais je l’ai écrit pour tous. Il s’adresse à l’Angleterre autant qu’à l’Espagne, à l’Italie autant qu’à la France, à l’Allemagne, autant qu’à l’Irlande, aux républiques qui ont des esclaves aussi bien qu’aux empires qui ont des serfs. Les problèmes sociaux dépassent les frontières. Les plaies du genre humain, ces larges plaies qui couvrent le globe, ne s’arrêtent point aux lignes bleues ou rouges tracées sur la mappemonde. Partout où l’homme ignore et désespère, partout où la femme se vend pour du pain, partout où l’enfant souffre faute d’un livre qui l’enseigne et d’un foyer qui le réchauffe, le livre Les Misérables frappe à la porte et dit : « Ouvrez-moi, je viens pour vous ». À l’heure, si sombre encore, de la civilisation où nous sommes, le misérable s’appelle l’homme ; il agonise sous tous les climats, et il gémit dans toutes les langues ».
Mais si l’histoire des Misérables a ému tant de lecteurs – roman-fleuve où rien ne manque, le suspens, les digressions, les interrogations, les personnages incroyablement présents, leurs destins entremêlés – c’est aussi grâce à une langue. Celle d’un grand poète de la littérature. Cette adaptation radiophonique a voulu rendre compte de cette langue puissante et incroyablement vivante en la faisant entendre littéralement car l’histoire a presque fini par oblitérer la singularité de la voix qui la porte. On reconnaît la trame, les personnages mythiques, le Paris des révolutions, mais on a perdu ce qui est écrit. C’est assez difficile à exprimer, mais c’est ce que l’on découvre lorsqu’on se laisse envahir par le livre. C’est comme si l’on touchait du doigt les fibres de notre patrimoine dans ce qu’il a de meilleur, dans ce qu’il peut nous rendre meilleur. Victor Hugo aime l’Histoire et il nous la fait aimer.
Dès lors, le choix de l’adaptation pour la radio fut de faire entendre sa voix. Et elle apparaît en éclats de voix, ou voix en éclats. Presque cousues pour aller à l’épure. En espérant transmettre cette émotion provoquée par ce qui est écrit.
Avec
Philippe Magnan (Le narrateur)
Jean-Marie Winling (Jean Valjean)
Michaël Lonsdale (Monseigneur Myriel)
Thierry Bosc (Le conventionnel)
Laurence Mercier (Mlle Baptistine)
Christine Pignet (Mme Magloire)
Etienne Grébot (L’aubergiste)
Jacques Poix-Terrier (Le brigadier)
Et la voix de Myriam Ajar
Musique originale composée par Krishna Lévy
Interprétée par Françoise Guéri, Christophe Guiot, Laurent Lefèvre, Philippe Nadal et Françoise de Maubus
Bruitage Patrick Martinache
Prise de son, montage, mixage Catherine Déréthé et Sébastien Labarre